top of page
  • Photo du rédacteurKimsar

Il paraît que Virginia Woolf a parlé de la nécessité d’avoir « une chambre à soi » : tant que les femmes n’auraient pas d’espace de créativité en toute légitimité, elles ne pourraient pas prendre leur légitime place de créatrices. C’est vrai, et pas seulement pour les femmes – un espace et un temps pour soi, rien qu’à soi, aident grandement les artistes en devenir.


Je sors d’une petite « résidence de création » comme on dit dans le jargon, c’est-à-dire précisément cet îlot d’insouciance dédié à la production d’une œuvre. Pendant quatre jours, on m’a nourrie, logée, accueillie avec la plus grande délicatesse et prêté tout le nécessaire pour que je m’attelle à la composition de mon prochain spectacle, commandé par le festival Théâtre en Guinguette qui aura lieu à L’Epine (Hautes Alpes) en août prochain.

Ledit village de L'Epine

Ce n’est pas seulement qu’on m’a donné une merveilleuse petite salle de bibliothèque communale, avec une multiprise, zéro voisin à déranger, deux belles fenêtres donnant sur la colline enneigée, et accessoirement une collection de premiers tomes de séries de BD qui ont dû frustrer plusieurs générations d’enfants du village.

Ladite chambre à soi

Ce n’est pas seulement qu’on m’a défrayée pour le voyage, qu’on me déclare et qu’on me paie décemment pour mon travail, et qu’on a pourvu à tous mes besoins y compris le miam aux fruits matinal et la thermos de genmai cha. Tout ça peut paraître normal, mais les règles de l’art ne sont pas si souvent respectées !

Ladite vue

C’est aussi qu’on m’a intégrée. Je vais créer un spectacle, et j’ai le luxe incroyable de savoir pour qui, pour quel village, pour quelles personnes. On m’a parlé de la mazurka provençale que chantait l’instituteur en s’accompagnant à la mandoline, dans le temps. On m’a montré là où on capte SFR, l’ancien moulin, la maison de Lui et d’Elle et d’Eux et d’Elle et ses deux chiens. On s’est mis en quatre pour me fournir du matériel, on a fait des balades dans la neige, on a essayé un appeau et parlé de chasse, on a dit quelques potins et quelques hommages. L'ancien maire est venu me saluer, et l’expert ès culture locale m’a nourrie de ses conseils. Tout ça en me laissant une liberté totale, dedans et hors de cette petite salle de travail.

Saurez-vous deviner le nom du spectacle ?

Clou du spectacle avant l’heure : j’ai découvert… La Sainte Agathe ! Comprenez, une soirée que les femmes passent entre elles, strictement entre elles. Ce soir-là on a bien mangé, on a discuté de sujets existentiels et de petites choses, on a bu, on a fait des blagues ribaudes et une mémorable partie de Time’s Up qui nous a pliées de rire, petites, grandes, jeunes, moins jeunes, nouvelles, habituées. C’était une soirée à soi. Je sais maintenant qui sont ces femmes, un peu bien sûr, pas tant que ça, mais je sais qui elles sont. Certaines seront dans le public en août, et toutes seront dans la musique que j’ai composée ce week-end.

Ladite Sainte Agathe

J’avais déjà eu le plaisir de goûter à ces « résidences » chaleureuses auparavant, et j’aimerais faire ici un grand BIG UP plein de gratitude béate à tous ceux qui m’ont accompagnée et accueillie. MERCI les kheys !


  • Photo du rédacteurKimsar

Difficile d’en toucher un mot sans faire tomber les autres. Mais c’est important pour moi d’en dire quelque chose. Aujourd’hui, je m’autorise un peu de tristesse.


Le vrai anniversaire pourtant, ce serait plutôt le 14 novembre, car c’est le samedi qui m’a vraiment marquée. Un samedi entier pour se rendre compte que certaines personnes manquaient à l’appel, et que ce n’était décidément pas possible de faire ce goûter-pizza, car la situation était grave.


J’ai commencé à pleurer vers 19h, et je n’ai plus ou moins pas pu m’arrêter jusqu’au mardi suivant. Pendant des semaines, partout où j’allais, il manquait quelqu’un. Pendant des mois, j’allais mal, je vous passe les détails ; et si aujourd’hui je vais bien, il reste que j’ai l’alcool triste et parfois aussi la tisane.


Pourtant, je suis de plus en plus consciente que ces événements m’ont fait passer un cap, et que sans ça je ne me serais peut-être pas lancée dans la musique. Merde quoi, on ne vit qu’une fois ! Et si en plus c’est court et douloureux, il faut aller à l’essentiel.


Aujourd’hui, je m’autorise un peu de tristesse, mais je m’autorise aussi un peu de fierté. Trois ans plus tard, me voilà sur la scène avec mes chansons et le sourire jusqu’aux oreilles. DANS TA FACE, 13 NOVEMBRE.



bottom of page